Dimanche 27 novembre 2016 – 19h
Alors que des anarchistes enchaînent depuis des décennies, sans résultats à la hauteur des attentes, les campagnes abstentionnistes, de l’âne présenté par Zo d’Axa à l’aube du XXe siècle, des assassinats de la Belle Epoque aux campagnes d’affichages et attaques de permanences électorales d’aujourd’hui ; alors que l’extrême gauche moderne ne se concentre désormais que sur des stratégies participatives et co-gestionnaires ou sur des formes théorisées de « résistance » et de passivité, qui « préféreraient ne pas » ; alors que de nouvelles tendances politiques, dans l’air du temps, prônent la désertion, la « destitution », l’éducationnisme, la « déconstruction » de soi et l’alternative face au capitalisme et à l’Etat ; alors que des campagnes « activistes » d’appel au boycott économique contre des « pays » (si cela a le moindre sens), des États ou des entreprises se multiplient malgré des décennies de bilans négatifs ; alors que les théoriciens stars (ou non) post-modernes révérés (ou pas) d’aujourd’hui et d’hier, de Deleuze (« Fuir, mais en fuyant, chercher une arme ») à Toni Negri en passant par Théorie Communiste ou le Comité Invisible, prônent la stratégie de la fuite ou pour certains le refus systématique de l’intervention, ou bien encore l’expérimentation sociale à l’intérieur du capitalisme pour repousser l’action directe, l’auto-organisation, l’autonomie des luttes et surtout, la révolution.
Quelles perspectives de ruptures révolutionnaires pourraient être développées aujourd’hui, en face, ailleurs ou à coté de ces « pratiques » sans praxis, de ces stratégies de la passivité et de la défection, de ces théories de la préservation du vieux monde, de la connivence avec ses institutions et ses idéologies jusqu’à la théorisation de sa propre impuissance ? A travers ces questionnements, et alors que s’approche une énième élection présidentielle qui risque bien de donner lieu à des affrontements et des actes de révolte individuels et collectifs, nous pourrons interroger notre créativité offensive (ou son absence) face à toutes les propositions introspectives de repli, recul, désertion, capitulation, de non-violence et d’accommodements vis à vis de l’existant. Car si nous refusons tout aménagement de l’existant, alors il nous faudra reprendre l’offensive, non pas fuir, se replier sur nous-mêmes et nos subjectivités, déserter ou cultiver son jardin à deux pas de la vallée des larmes dans laquelle l’humanité continue de vivre en captivité, dans de prétendues (et parfois tolérées) « plages de liberté » au milieu de la servitude généralisée.
Cette discussion aura donc pour but de questionner les formes, anciennes et nouvelles, des diverses stratégies de la « fuite » ; doivent elles être « dépassées », éradiquées ou ignorées ? Cette soirée sera l’occasion de se poser ces quelques questions, sans savoir à l’avance où cela pourra nous mener dans nos réflexions, et surtout dans nos luttes.
Suggestions facultatives de lecture :
- Dans la mêlée, Guerre au Paradis n°1, 2010.
- Note de lecture sur L’insurrection qui vient, A Corps Perdu n°3, 2010.
- Vous n’êtes que des poires et Il Est Élu !, Zo D’Axa, 1900.
- Le criminel, c’est l’électeur !, Albert Libertad, 1906.
- La Grève des électeurs, Octave Mirbeau, 1888.
- Ne votez jamais…, Des anarchistes, 2011.
- Le déserteur, version originale de Boris Vian, 1954.
- De l’Action Directe, Voltairine de Cleyre, 1912.
- L’urgence de l’attaque, Nicola Gai, 2013.
- Les cinq « martyrs » de Chicago : Innocents ou coupables ?, Aviv Etrebilal, 2013.
- Aux vagabonds…, Lucy Parsons, 1884.
- Vers les mirages, Le Rétif (Victor Serge), 1911.
- En attendant l’apocalypse, Wolfi Landstreicher, 2010.
- Le fantôme de Deleuze place de la république, Julius, 2016.
- Lasciamo il veganesimo sugli scaffali e riprendiamo la lotta (en anglais ici), Mononoke, 2016.