Télécharger le programme de la Discordia (4p – A5) – décembre 2015 / janvier 2016
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(sauf les lundis 21 et 28 décembre 2015)
On trouvera toutes les suggestions de lecture sur les discussions à la bibliothèque en version papier. Pour être tenus au courant par mail des activités de La Discordia envoyez « Liste de diffusion » à ladiscordia[at]riseup.net
État d’urgence et après ?
Lundi 7 décembre 2015 -19h
Les mesures d’État d’urgence (interdictions de manifestations et la répression qui s’en suit, perquisitions administratives et assignations à résidence, etc.) commencent à frapper aussi les milieux « subversifs », en plus de la répression « habituelle » et de celle spécifique au déroulement de la COP21.
Nous voulons proposer un moment pour échanger des informations techniques, mais aussi développer des réflexions et chercher des pistes pour répondre à cette escalade répressive et sécuritaire. Non pas dans une simple perspective anti-répression, mais encore et toujours dans l’optique de partir à l’assaut de ce monde. Ce sera également l’occasion de partager des informations et des connaissances pour mieux s’armer face à cette situation, encore inédite pour la majorité d’entre nous.
Kurdistan, Catalogne, Pays Basque, Palestine … : Nationalisme ou anationalisme ?
Mardi 15 décembre 2015 -19h
Depuis toujours nous avons pu voir des révolutionnaires succomber aux sirènes nationalistes diverses, à partir du moment où elles revêtent certains concepts éculés tels que « luttes de libération nationale », « droit à l’auto-détermination », « peuples en lutte », « anti-impérialisme », etc.
Parfois on pourrait mettre cette naïveté sur le dos de l’exotisme, mais lorsque ces soutiens sont dirigés vers des mouvements qui sont tout près de nous, on se dit qu’il y a autre chose.
Que ce soit le Kurdistan, la Catalogne, le Pays Basque, la Palestine et d’autres encore, nous voyons le même désir nationaliste de limiter une population à une pseudo « histoire » (en fait, un imaginaire figé et romancé), un territoire, une langue voir une religion, et surtout, à un destin et un projet commun pour lesquels des gens sont prêts à se sacrifier.
Dans ces mouvements de « libération » nationale, le moteur est ce désir de devenir à son tour celui qui détient le pouvoir, celui qui impose sa « culture », sa vision du monde, sa langue. Prendre simplement la place de ceux qui ont le pouvoir, et désigner comme étrangers, indésirables, ennemis, ceux qui dominent aujourd’hui la petite nation homogène et imaginaire à laquelle on s’identifie. Car c’est bien le problème, l’idée abstraite d’un ensemble de population homogénéisé, et une vision manichéenne de la domination basée sur le postulat d’un État dominant contre le petit peuple mythifié en lutte, et qui ne connaîtrait soi-disant pas de rapports internes de domination.
Ce que nous voulons mettre en avant c’est le refus de ces schémas nationalistes simplistes, qui ne luttent pas contre l’État et le capitalisme, mais qui n’ont que le désir de créer d’autres États servant leurs petites nations imaginaires, et surtout, leurs petits intérêts. L’idée de « nation des opprimés » est donc un oxymore.
Suggestions de lecture :
- Benedict Anderson, L’imaginaire national : réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme. Editions La Découverte, 2002.
- Karim Landais, Anarchisme, nation, identité, culture – Régionalisme, nationalisme et anarcho-indépendantisme. Orphéo Editions, 2008
- Rudolf Rocker, Nationalisme et culture. Éditions libertaires, Éditions CNT-RP, 2008.
Une lecture du texte, État-Nation-Peuple, La révolution française aux origines du nationalisme - L’albada Social, Ni catalanistes ni espagnolistes
- André Dréan, Etat, nation, religion… Trois piliers de la domination mondiale
- Aviv Etrebilal, Aux origines du pouvoir
- Les insurrections au Kurdistan au cours de la première guerre du Golfe, témoignage d’un ancien peshmerga, 1991.
- Sur le « Republican Sinn Fein », notes rédigées par Julius à l’occasion de cette discussion
Des révoltes dans la Chine d’aujourd’hui
Dimanche 10 janvier 2016 – 19h
Pendant longtemps, après la répression implacable des tentatives d’insurrection de la fin des années 1980, tout semblait tourner au mieux pour les maîtres de la domination en Chine continentale, combinant la tradition mandarinale de l’État, reprise en grande partie par Mao et ses héritiers, et la modernisation du capital. Or, depuis quelques années, l’azur du « socialisme de marché » est de plus en plus troublé par l’apparition de foyers de résistance et d’insoumission, parfois très violentes, dans les villes mais aussi dans les campagnes. Quelles sont les particularités de ces combats, leurs forces, leurs faiblesses, telles que nous pouvons les appréhender en tenant compte de l’histoire et de la situation en Chine ? Ce sont les pistes que nous vous proposons d’explorer ensemble. Non pas pour faire œuvre d’historiens et de politologues mais parce que, pour paraphraser Bakounine : « Si ma liberté est mienne, elle dépend aussi de celle des autres. »
- Au cœur du dragon, André Dréan
- Note de lecture sur « La Bureaucratie céleste », d’Etienne Balazs, Ngô Van, paru dans « ICO » n° 106-107 de juin-juillet 1971.
- Du V°siècle av. J.C. à aujourd’hui : notes de lecture chronologiques sur l’histoire de la Chine
- Introduction à la causerie sur la révolte des Turbans jaunes, Ngô Van, 1966.
- Le Maoïsme à travers le petit livre rouge, Ngô Van, publié dans la revue « Informations et Correspondances ouvrières » (ICO) n° 112-113, décembre 1971-janvier 1972.
- Aux origines du culte millénaire de l’Etat en Chine, Extrait du dialogue entre Sseu-Ma Wan et les auteurs de « Bureaucratie,bagnes et business », Hsi Hsuan-wou et Charles Reeves, 1997.
- Brève réflexion sur le catalogue des idées reçues : Capitalisme et étatisme dans la Chine post-maoïste – Lao She (Vieux Serpent)
- Brève réflexion sur le catalogue des idées reçues : Nationalisme et Etat en Chine – Lao She (Vieux Serpent)
- Brève réflexion sur le catalogue des idées reçues : Révoltes paysannes et étatisme dans la Chine post-maoïste – Lao She (Vieux Serpent)
- Brève réflexion sur le catalogue des idées reçues : Religiosité et étatisme dans la Chine post-maoïste – Lao She (Vieux Serpent)
- Brève réflexion sur le catalogue des idées reçues : La violence étatique et para-étatique dans la Chine post-maoïste – Lao She (Vieux Serpent)
- Brève réflexion sur le catalogue des idées reçues : Natalité et étatisme dans la Chine post-maoïste – Lao She (Vieux Serpent)
- Brève réflexion sur le catalogue des idées reçues : Les « zones mortelles » dans la Chine post-maoïste – Lao She (Vieux Serpent)
- Un témoignage sur les manifestations et les émeutes contre l’une des « zones mortelles »
- Brève réflexion sur le catalogue des idées reçues : L’introuvable « société civile » dans la Chine post-maoïste – Lao She (Vieux Serpent)
- Brève réflexion sur le catalogue des idées reçues : L’étatisme et le rôle du permis de résidence dans la Chine post-maoïste – Lao She (Vieux Serpent)
- Brève réflexion sur le catalogue des idées reçues : De la censure et des grèves sauvages dans la Chine post-maoïste – Lao She (Vieux Serpent)
- Les néo-féministes et la Chine post-maoïste – Lao She (Vieux Serpent)
- Brève réflexion sur le catalogue des idées reçues : Corruption et étatisme dans la Chine post-maoïste – Lao She (Vieux Serpent)
Islamophobie : du racket conceptuel au racket politique
Mardi 26 janvier 2016 – 19h
Le concept d’islamophobie est un racket sémantique et politique qui se situe au carrefour de deux camps conceptuels, celui du religieux et celui du racisme. Son but est en effet d’enlever toute légitimité à la critique de la religion musulmane (et donc, par glissement, aux religions en général), taxant systématiquement toute critique de racisme envers les croyants (réels ou supposés). De nombreux soi-disant « révolutionnaires » se sont réappropriés ce concept et, par conséquent, l’aveuglement face au rôle autoritaire et pacificateur de toute religion.
Alors que nos pieux « révolutionnaires » nous parlent d’« islamophobie » à toutes les sauces, les fachos du printemps français nous parlent, eux, de « cathophobie », d’autres encore de « négrophobie » ou de « judéophobie ». Chacun tente son petit racket politique sur l’antiracisme. Chacun a sa petite oppression et ses petits particularismes à mettre en avant, toujours en concurrence avec ceux des autres, approfondissant les divisions entre exploités. Et surtout, plus personne ne parle de la lutte contre le racisme en tant que tel, et sous toutes ses formes.
Refuser ce raccourci conceptuel est un point de départ pour s’opposer à toutes les religions, y compris l’islam, présenté à tort par les défenseurs du concept d’« islamophobie » comme la religion des opprimés (comme le catholicisme irlandais ou le bouddhisme tibétain à d’autres époques). Il s’agit alors de nous faire passer la religion comme élément d’émancipation dans le pire des cas, et dans le moins pire, de faire passer l’idée que la religion n’est pas, en soi, un outil de domination séculaire au service de l’ordre. Derrière cela se cache l’idée que les rapports de domination, lorsqu’ils sont portés par de supposés « opprimés », deviendraient émancipateurs.
Parce que la religion reste un problème majeur pour ceux et celles qui veulent une transformation radicale de ce monde, sa critique est nécessaire, aujourd’hui plus que jamais. Parce qu’il n’y a pas de « religions des opprimés », seulement des religions qui oppriment.
Suggestions de lecture :
-
Cassandre, Nos « révolutionnaires » sont des gens pieux, janvier 2016
- Bakounine, Dieu et l’État, 1882
- Claude Guillon, Et « Dieu » créa l' »islamophobie », août 2015
- Jérôme Locura, Chers révolutionnaires, entre le sacré et le profane, il faut choisir, janvier 2016
- Kyokai, Lettre sur les attentats, la question des cités et de la religion adressée à quelques amis anglophones, novembre 2015
- Ni Dieux ni maîtres, encore et toujours !, Lucioles n. 21, février 2015
- Moralistes, allez vous faire foutre !, Lucioles n. 1, novembre/décembre 2010
- Ni loi ni sharia, Hors Service (Bruxelles), n. 28, 23 juin 2012
- Camarades, contre l’Etat et tous les prêtres, Vive le blasphème !, 11 janvier 2015
- Une université islamique en ville ? Brecce, n.2, avril 2015